POLENTA CREMEUSE ET CREVETTES

La télévision

La télévision. Un sujet dont on parle régulièrement dans mon entourage. Quand on a des enfants, on nous répète « pas d’écran avant 3 ans », pour un tas de raisons dont celui du danger pour la santé de leurs cerveaux, puis après 3 ans à très petites doses. J’y pense souvent parce que j’ai un enfant et que je suis moi-même un peu addict aux écrans. J’ai réfléchi à mon éducation et à comment beaucoup de choses sont aussi passées par la télévision et ce que je visionnais. Je suis une enfant de la télé. Mes parents nuanceraient certainement mon propos, pourtant j’ai des souvenirs très clairs de ma passion télévision, ou devrais-je dire séries télé dès l’école primaire. Tous les jours, je prenais mon goûter vers 16h30 devant les Minikeums. Le mercredi matin, j’enchainais les dessins animés de Dragnon Ball Z jusqu’aux Power Rangers en passant par Ulysse 31. Le samedi matin, c’était Charlie et Lulu avec le Hit Machine, mon frère regardait et moi aussi par la même occasion. D’ailleurs, c’est grâce à eux que j’ai découvert la danse hip hop, qui est devenu un sujet de mémoire plus tard.

Ensuite, il y a eu les séries : Sauvés par le gong, Le Cosby show, Le Prince de Bel-Air, Hartley cœur à vif (j’étais complétement accro), Un dos tres, Friends, Buffy contre les vampires, Charmed, Urgences, Beverly Hills…. J’ai tout regardé avec envie et plaisir. J’étais biberonnée à la culture américaine et à l’évasion par l’écran. Le soft power des États-Unis. Depuis ma campagne deux-sévrienne, c’est aussi ce qui m’a permis de découvrir un ailleurs, d’autres cultures, à m’identifier à des héroïnes, à démêler mes histoires d’adolescentes qui me semblaient insurmontables à l’époque, à entendre une autre langue, à apprendre tout simplement.

Lorsque j’ai démarré ma vie d’adulte autonome, les séries sont restées très présentes dans ma vie. J’ai refusé des sorties pour déguster la nouvelle saison de Gossip Girl ou de Orange is the new black. J’étais même devenue une spécialiste du streaming en VO avec les sous-titres téléchargés sur une autre plateforme et collés à l’épisode en streaming (Netflix n’existait pas encore). Bref, j’y passais beaucoup de temps. Mon père a souvent regardé ça d’un air perplexe voire négatif. Il ne comprenait pas le monde qui s’ouvrait à moi, ni tous ces personnages qui nous accompagnent dans la vie de tous les jours. Des représentations que l’on ne voit pas ailleurs, des critiques sociétales piquantes et pertinentes. Prenons la série Treme de David Simon qui date de 2010. Elle raconte la Nouvelle-Orléans après Katrina à travers la vie de tous les jours de plusieurs habitants. Elle porte le nom d’un des plus vieux quartiers de la Nouvelle-Orléans. La ville devient un personnage en soi. Elle est parfois mise en valeur, parfois critiquée par les visions qu’apportent ces différents habitants. On suit leur rythme, finalement très en lien avec la vie réelle, souvent lent, enveloppée par une musique qui est bien présente sans prendre trop de place. Elle frôle le documentaire comme la série The Wire avant elle du même réalisateur. A travers cette série, j’ai vu tout ce qu’une ville peut nous apporter. Une série belle et subtile. Elle m’a d’ailleurs emmené vers d’autres propositions culturelles autour de l’histoire du sud des États-Unis.

Un film d’abord : Les Bêtes du Sud sauvage, de Benh Zeitlin, qui raconte la vie dans les bayous de Louisiane, à travers les yeux de Hushpuppy, 6 ans (La bande-annonce ici). Ou encore le documentaire Chef’s Table sur la cheffe Mashama Bailey (disponible sur Netflix). Et un livre L’autre moitié de soi  de l’autrice américaine Brit Bennett : en Louisiane, on suit le destin de deux jumelles, si peu noires qu’elles peuvent passer pour blanches. Un livre qui questionne l’identité afro-américaine et la construction de l’identité au sens bien plus large. 

J’ai pensé qu’un plat typique du sud des États-Unis viendrait bien illustrer cet article qui parle de télévision : un shrimp & grits. Originaire de Caroline du Sud, les crevettes sont pêchées dans le golf du Mexique avant d’être servies avec du maïs, de la crème et du beurre.

Pour être complément transparente, je n’ai pas trouvé de gruau de maïs utilisé pour le grits, j’ai utilisé de la polenta à laquelle j’ai ajouté du fromage et du beurre à la fin.

RECETTE

Ingrédients :

250g de polenta

800 ml d’eau

400 ml de lait

70g de parmesan râpé

1 pincée de sel

25g de beurre

Poivre

20 crevettes crues de bonne qualité

Le vert de deux poireaux (lavés et émincés finement)

2 gousses d’ail hachées

2 cuillères à soupe d’huile d’olive

125 ml de bouillon

25g de beurre

1 cuillère à soupe d’épices cajun

Quelques feuilles de persil

Sel et poivre

Versez l’eau et le lait dans une casserole et porter le mélange à ébullition. Ajoutez petit à petit la polenta en fouettant. Baissez le feu et poursuivez la cuisson en remuant régulièrement pour pas qu’elle se fige et fasse des grumeaux. Elle doit se décoller des parois de la casserole. A la fin, lorsqu’elle est cuite, ajoutez le parmesan râpé et le beurre. Mélangez. Gardez au chaud.

Faites chauffer l’huile d’olive dans une poêle, ajoutez les verts de poireaux lavés et émincés finement, l’ail et les épices. Laissez cuire plusieurs minutes à feu doux jusqu’à ce que les verts de poireaux s’attendrissent, vous pouvez ajouter le bouillon petit à petit si vous le souhaitez (ou de l’eau). Lorsqu’ils sont bien tendres, faites fondre le beurre et ajoutez les crevettes décortiquées jusqu’à ce qu’elles commencent à roussir environ 2 minutes, salez et poivrez selon votre goût.

Servez une portion de polenta dans une assiette et disposez les crevettes dessus. Saupoudrez de persil.